mercredi 7 avril 2010

Montréal au printemps



Fin d'hiver à Montréal. Le thermomètre, bien calé sur le rebord de la fenêtre, en plein soleil à l'abri du vent, affiche un 15 degrés trompeur, les plaques de neige fondent en de petites rigoles bulleuses qui se perdent et disparaissent dans les interstices de l'asphalte en des tourbillons apeurés, zigzagant entre les jambes des passants hagards et encore éberlués d'une hibernation de vieil ours. A l'intérieur, le vent fait voleter les rideaux fins gorgés de soleil et attaque une atmosphère compacte encore d'une vie de langueur d'hiver, de strates d'odeur de nourritures mitonnées des heures durant - des soupes au curry à l'odeur persistantes jusque sur nos doigts, l'odeur des oignons frits et de la viande mélangée, l'odeur de sauces épaisses et brunasses servant d'onguents, de plâtre colmateur et de joints d'étanchéité - de grasses matinées sous d'épaisses couches de couettes, d'heures de télé mélangées au rance de la bière, cocktail assommant menant invariablement à la paralysie progressive du système nerveux central.

Un vent de renouveau dépoussière les rues, évacue le sel des trottoirs, balaye une année rassie, Montréal s'ébroue et sort de sa coquille comme un gros bombyx poilu  sort de son cocon à l'approche des beaux jours !

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