mardi 30 novembre 2010

Six mois avec Linux - Ubuntu

Il y a six mois, environ, je cédai aux sirènes du monde libre - bien soutenu alors par une campagne de presse rondement menée- et envoyais paître ma version de Windows XP pourtant fort bien portante pour installer courageusement Ubuntu Lucid Lynx (le Lynx Lucide).

Six mois plut tard - maintenant donc - comme un bon petit soldat j'ai mis à jour tout le bastringue vers la nouvelle version de Unbuntu : The Maverick Meercat. Outre le plaisir non dissimulé de bidouiller son ordinateur, de partitionner des disques durs et résoudre des problèmes que je n'aurais jamais eus si je n'avais pas changé de système, quel est le bilan de ces six mois avec ces si charmantes petites bêtes ?...

 - L'installation est très facile, surtout si, comme moi, on a décidé de dégager Windows... Erase, reboot, install... La mise à jour du système, pour peu que vous ne ratiez pas une version, est encore plus simple (administration, gestionnaire de mise à jour et zou !)
- La compatibilité avec mon ordi a été immédiate et complète (composants, périphériques et raccourcis)
- Le système est léger et tourne parfaitement sur un laptop pas trop nerveux
- L'interface (Gnome) est très ergonomique, et se rapproche plus de ce que peut faire Apple dans le même domaine...
- Spaces, soit la possibilité de travailler sur différents bureaux, est une merveille de la nature qui a lui seul vaut la migration !

Pour le reste, cad l'offre et la compatibilité logicielle, on est pas loin du néant total ! Ce qui pose quand même un certain problème... Il y a bien des équivalences, mais elles n'arrivent pas à la cheville des formats propriétaires. La bureautique peut faire illusion, pour un usage hors professionnel, ou pour ceux qui aiment vivre avec 15 ans de retard, mais dans le domaine du multimédia c'est carrément le monde d'avant le Big-band...
C'est pourtant pas la mer à boire, bordel en 2010, que d'avoir une visionneuse d'images correcte qui sache retailler des photos par lots (genre Acdsee le faisait déjà il y a 12 ans) et les envoyer sur un blogue. Je ne parle même pas d'un équivalent Lightroom ou d'Aperture...

Les milliers de zombies qui, comme moi, ont migré sur Linux et ne sont pas prêts de revenir en arrière représentent un marché non négligeable pour les éditeurs de logiciels ; qu'attendent ces derniers pour proposer une version Linux de leurs outils ? Ils ont peur de Windows ? Google n'a pas peur lui, et ne s'en porte pas plus mal que je sache... Et il y a bien des versions Apple ! C'est ça aussi la démocratisation de l'informatique : profiter des deux mondes...

------
Et maintenant, un peu d'évangélisation...

Il est possible de tester Ubuntu sans danger pour se rendre compte de l'ingéniosité de la chose :  http://doc.ubuntu-fr.org/versions

dimanche 21 novembre 2010

Velux 5 Oceans

Le départ de la Velux 5 Oceans a été donné à La Rochelle, dimanche 17 octobre. La Velux (qui s'est successivement appelée Boc challenge et Around alone) est une course mythique au tour du monde se tenant tous les quatre ans, en solitaire, avec escales.

Le départ s'est déroulé dans une relative indifférence (en France en tous cas), où l'attention des média sportif était focalisée sur la Route du Rhum.


Les bateaux :
Les bateaux sont des 60 pieds, baptisés Eco 60.
Dans un soucis d'économie et dans un esprit éco responsable, les bateaux doivent :
- Avoir été construits avant janvier 2003 : c'est une seconde vie qui est offerte à des bateaux fabuleux ayant un passé prestigieux, mais dépassés dans leur technologies par les bateaux plus récents.
- Favoriser le recours aux énergies renouvelable (éoliennes, solaires, hydrogène) et limiter l'utilisation d'énergies fossiles.

Les skippers : 
Aucun des marins affectionnant d’ordinaire ce type de parcours, ou ayant participé aux précédentes éditions ne sont présents - préférant se consacrer à d’autres projets (Rhum, Barcelona ou préparation du prochain Vendée globe). Nombre d'entre eux ont fait construire des bateaux nouveaux (Bernard Stamm, Jean-Pierre Dick...) et veulent les éprouver au mieux avant le prochain Vendée Globe.

Seuls cinq skippers participent à la course, aucun français, pourtant en pointe dans le domaine...

- Zbigniew Gutkowski, espère être le premier polonais à réaliser un tour du monde à la voile.
Bateau : operonracing. Plan Finot. C'est l'ancien Bagages superior, sur lequel Alain Gautier a remporté le Vendée Globe 1992-1993.
Site Internet : http://www.operonracing.com/

- Derek Hatfield, de nationalité canadienne. Il a déjà participé à l'édition 2003 de la Around Alone, et au précédent Vendée Globe (abandon après des avaries au niveau du mat).
Bateau : Activehouse. Plan Bernard Nivelt. Construit en 1999 par Thierry Dubois (Solidaires), puis rebaptise VM Matériaux et Great American III, le bateau a un riche passé et plusieurs tours du monde à son actif.
Site Internet : http://www.activehouse.info/velux5oceans

- Christophe Bullens, de nationalité belge. Sa participation à la Velux est une victoire en soi : il a démâté quelques jours avant le départ et a été obligé de changer de bateau en catastrophe. Il a racheté l'ancien bateau de Jean-Baptiste Dejeanty, Artech. Néanmoins, il a dû effectué une qualification de dernière minute (500 miles parcouru ou 48h en mer) avant de véritablement s'élancer dans la course.
Bateau : Five Oceans of Smiles. Initialement l'ancien Fujicolor 3; finalement, après avarie de mat, l'ancien Artech.
Site Internet : http://www.atlantic60.eu/

- Brad Van Liew, de nationalité américaine. Aventurier et touche-à-tout, il a déjà l'expérience de la navigation autour du monde : il s'est classé troisième de la Around Alone de 1998, et a remporté l'édition de 2002, en classe 2 (50 pieds). Il est assurément là pour la gagne !
Bateau : Le pingouin. Un plan Lombard construit en 1998, ancien Whirlpool, Tiscali, Pro-Forms.
Site Internet : http://www.oceanracing.org/

- Chris Stanmore-Major, de nationalité anglaise. Il possède à la fois l'expérience de la navigation autour du monde (participation en tant que skipper à la dernière Clipper Round the World) et du match racing (membre de l'équipe chinoise de la précédente America's Cup, sur le bateau Longtze).
Bateau : Spartan. Un plan Finot, construit en 1997, vainqueur de la Around Alone en 1998.
Site Internet : http://spartanoceanracing.com/


Les étapes :
Etape 1 : La Rochelle - Cape Town
Etape 2 : Cape Town - Wellington
Etape 3 : Wellington - Salvador
Etape 4 : Salvador - Charleston
Etape 5 : Charleston - La Rochelle


Au final, une course mythique qui se renouvelle et change de format. Un parti-pris assez radical donc, mais qui ouvre des perspectives nouvelles à des skippers ayant des budgets limités. C'est une autre voie ouverte à la course autour du monde, qui permettre peut-être à de jeunes skippers de réaliser leur rêve à des coûts moins déraisonnables...

Cette édition de la Velux 5 Ocean souffre de plusieurs handicaps :
- Un mauvais positionnement dans le calendrier, coincée entre la Route du rhum et la Barcelona World Race (course autour du monde, sans escales, en double), devant se tenir début 2011 (départ donné le 31 décembre 2010).
- Un temps de course jugé trop long : en tout 9 mois, contre 4 mois pour la Barcelona World Race.

Cette course néanmoins est une grande aventure humaine et sportive, et se court sur des bateaux qui restent extraordinaires, et gardent intacts leurs potentiels de fascination. Cette édition pourra avoir valeur de test grandeur nature ; d'autres, plus nombreux, pourraient s'engager dans l'aventure dans quatre ans !

--------


Du BOC Challenge à la Velux 5 Oceans : la peau de chagrin…
envoyé par voilesetvoiliers. - Plus de vidéos de sport professionnelle et amateur.

--------

Le site Internet de l'événement : http://www.velux5oceans.com

jeudi 18 novembre 2010

Légendes d'automne - Jim Harrison

Légende d'automne, de Jim Harrison.

Trois nouvelles en fait : Une vengeance, L'homme qui abandonna son nom, et donc, Légende d'automne.

Trois aventures et époques différentes dans chacune des nouvelles, mais au fond, le même souffle. Des caractères entiers, incisifs, un style lyrique et exalté. Une vaste déconnade qui ne s'embarrasse pas trop de torturer chaque mots pour en extraire une petite goutte de sève aigre-douce, mais qui les écrase bel et bien et les prend à pleine main pour peindre de grande toiles / fresques colorées ! Partout on retrouve l'obsession de Harrison pour étreindre la vie et prendre ce qu'elle a de meilleur à offrir, sans fausses modesties et faux semblants. A lire d'une traite, c'est un sacré catalyseur d'énergie !...

mardi 28 septembre 2010

You don't have permission to access / on this server

"You don't have permission to access / on this server. Apache/2.2.14 (Ubuntu) Server at localhost Port 80"

Quelle phrase assassine ! Pire qu'un écran bleu Windows (horrible au début, et puis on s'habitue, on papote, il fait un peu partie de la famille...), que l'arc-en-ciel de Mac (joli finalement), ce message sybillin donnera des sueurs froides au débutant n'y comprenant goutte (et mais) à l'administration réseau mais ayant bigrement envie (et besoin surtout) d'installer un serveur test sur un ordi sous Ubuntu.

Donc, je récapitule, j'ai :
- Ubuntu 10.04 LTS - le Lynx Lucide
- Une installation toute fraîche de LAMP (linux, apache, mysql, php).

A partir de Chrome, pas de pb, j'accède au localhost sans soucis. Mais de Firefox, rien, ou plutôt, le message fatal ! Ce qui pose problème, car ma patronne - qui est un vampire, mais ce n'est pas sujet, j'y reviendrai à l'occasion - turbine sous Firefox.

Pourquoi l'un, et non l'autre - ou l'inverse - mystère...

Heureusement, gloire à Dieu, à tous les saints du paradis et à la communauté Ubuntu, j'ai trouvé la solution ici, je vous la livre toute nue !

Il faut :
- éditer le fichier : /etc/apache2/httpd.conf
- dans le fichier vide, ajouter : ServerName localhost

Dans le fichier /etc/apache2/sites-available/default , il faut ajouter l'instruction "allow from all" entres les balises

Ne pas oublier de redémarrer apache : sudo /etc/init.d/apache2 restart

La page http://doc.ubuntu-fr.org/apache2#sites-available recèle bien d'autres merveilles que je vous laisse découvrir... 

vendredi 7 mai 2010

Le grand saut vers Lucid Lynx

Dernières minutes sur Windows XP, le temps d'un dernier post. Je passe dans le monde foisonnant et un peu labyrinthique du logiciel libre - (sans vraiment tout bien y comprendre d'ailleurs) - soit Ubuntu Lucid Lynx ! C'est plus qu'une page qui se tourne, hu hu hu ...

dimanche 25 avril 2010

Montréal dans le vent

Se laisser sécher au soleil, grand épouvantail aux bras filandreux où viennent se poser les oiseaux de passage...

dimanche 11 avril 2010

késako ?!

"Vous connaissez le Carrom, une sorte de jeu de billard indien ? Ça ressemble un peu à la pichenotte !"

Demande surréaliste entendue entre deux rayons d'un magasin de jeux à Montréal...

mercredi 7 avril 2010

Montréal au printemps



Fin d'hiver à Montréal. Le thermomètre, bien calé sur le rebord de la fenêtre, en plein soleil à l'abri du vent, affiche un 15 degrés trompeur, les plaques de neige fondent en de petites rigoles bulleuses qui se perdent et disparaissent dans les interstices de l'asphalte en des tourbillons apeurés, zigzagant entre les jambes des passants hagards et encore éberlués d'une hibernation de vieil ours. A l'intérieur, le vent fait voleter les rideaux fins gorgés de soleil et attaque une atmosphère compacte encore d'une vie de langueur d'hiver, de strates d'odeur de nourritures mitonnées des heures durant - des soupes au curry à l'odeur persistantes jusque sur nos doigts, l'odeur des oignons frits et de la viande mélangée, l'odeur de sauces épaisses et brunasses servant d'onguents, de plâtre colmateur et de joints d'étanchéité - de grasses matinées sous d'épaisses couches de couettes, d'heures de télé mélangées au rance de la bière, cocktail assommant menant invariablement à la paralysie progressive du système nerveux central.

Un vent de renouveau dépoussière les rues, évacue le sel des trottoirs, balaye une année rassie, Montréal s'ébroue et sort de sa coquille comme un gros bombyx poilu  sort de son cocon à l'approche des beaux jours !

dimanche 4 avril 2010

Où il est question de poulet et de macro







Et non de maquereaux...

J'ai longtemps voulu prendre des photos de nourriture. Des photos sexy, tirant sur le sensuel, aux couleurs acidulées, aux textures onctueuses, mielleuses. Avec un zeste d'acidité pour rendre le tout digeste. Des couleurs bonbons flashy sur un fond blanc brûlé.

C'est moins facile que ça en a l'air, le risque étant de tomber dans le gore trash.

Pas certain qu'un poulet de basse-cour, aux pattes déplumées, d'une blancheur de grand échalas noctambule n'ayant pas vu le soleil depuis des lustres, le cul farci d'oignons et d'herbes à s'en faire éclater la panse soit le plus sûr moyen d'arriver à mes fins...

jeudi 1 avril 2010

Poisson d'avril


Température estivales - 25 degrés pour le week-end de Pâques - Montréal voir bourgeonner les apéros sur les pas des portes et les pique-niques dans les parcs. Toutes fenêtres ouvertes pour faire danser les rideaux et évacuer les dernières poussières d'hiver. Nos voisines de mamies sont ressorties sur leur patio respectif et se font sécher au soleil en entretenant des discussions ininterrompues à 15 mètres de distance. La ville renaît !

mardi 30 mars 2010

Road-Trip au Québec : Montréal - Tadoussac










Road-trip hors des sentiers battus, loin de Montréal, direction plein Est, lancés à fond de balle dans une Communauto bien cradingue...

Glacière salvatrice fournie par des logeuses bienveillantes. Tente achetée à prix d'or - pas de Quechua ici, les Français se repèrent de loin...- mais normalement résistante à tout type de pluie...
Le coffre XXL bourré à craquer d'une ultime virée Iga. Trois bouteilles de butane - sommes capables de tenir un siège au dire du spécialiste ès recharges du Canadian Tire !

Conduite automatique assez peu farouche, pas de frein moteur, ai l'impression d'écraser la pédale à la moindre bifurcation à angle droit - et il y en a un paquet au Québec !

Voyage longtemps rêvé et planifié, hors des grandes villes. Au coeur du Québec rural et un peu paumé, aux paysages fabuleux, et à la vie qui s'écoule tranquille !

Direction le Parc national des Grands Jardins en longeant le Saint-Laurent - autoroute - route de la Nouvelle France - Chemin du Roi. Axe à la circulation dense, rapidement quitté pour s'enfoncer dans région de Charlevoix.

Foret profonde et humide, traversée par une route rectiligne. Premier camping. Grandes parcelles espacées. Premières rumeurs d'animaux sauvages, d'oiseaux en tous genres, d'écureuil et d'ours.

Nous endormons au bruit du vent dans les branches, au son des larges feuilles transpercées d'une pluie cinglantes, nus comme des vers dans une tente trop grande pour nous, tous ravitaux utiles -(et dangereux en ces endroits hostiles à l'homme)- planqués dans la voiture !

lundi 29 mars 2010

Montréal, une ville à angles droits










Avec ses constructions à angles droits, Montréal se prête bien aux mises en scènes géométriques : rencontres de lignes perpendiculaires, jeux d'ombres et de lumières qui se découpent bien nets sur le béton poli, même l'écume blanche des avions en phase d'atterrissage à Trudeau participe à ce jeu de mécano géant, comme un prolongement aérien de la ville en une troisième dimension verticale qui donne le vertige...

Pourtant, à y regarder de plus près, rien n'est vraiment net ici, il y a toujours un petit quelque chose qui dépasse, une rugosité sous le regard, des anfractuosités dans les blocs de pierre, les cisaillements du bitume chaud des routes et des trottoirs, des murs qui se lézardent, les escaliers de fer qui lentement se désagrègent en de longs saignements pourpres, des palissades en bois qui se fendillent sous les couches successives de gels et de redoux...
Un monde de fissures et de brisures qui donnent à cette ville un charme étrange et particulier.

Jamais l'œil ici ne se repose...

Affichage des images dans blogger

Plus aucune image ne s'affiche, ni dans le blog, ni dans l'éditeur de texte... Peut être vivent-elles une vie dans un espace temps parallèle au nôtre, bercé par des flots azurs en Technicolor !

samedi 27 mars 2010

Montréal : friches, tags et herbes folles







Montréal, à la frontière du Plateau et de la Petite Italie, une zone de transit un peu en friche : des herbes folles, une voie ferrée qui fait office de garde barrière, passage de trains fantômes aux horaires erratiques - apparaissant par magie, s'évanouissant dans le mirage lointain de notre imagination - entre deux séances photo, une vieille usine désaffectée qui se donne des airs d'ateliers des artistes (à moins que ce ne soit l'inverse...), et pas mal de tags !

vendredi 26 mars 2010

Installation à Montréal - 4








Deux semaines à sillonner Montréal en tous sens à la recherche d'un appartement. Quartier olympique et longues rêvasseries dans le Parc Maisonneuve, coup de cœur pour Côte des Neiges (où nous resterons quelques temps dans les tours universitaires béton), marche forcée suffocante sur les rives du Canal Lachine, visites d'apparts surplombants le marché Jean Talon dans le quartier de la petite Italie dans lequel nous aurions bien posé nos sacs tant le quartier nous paraissait idéal, pour finalement trouver un îlot parfait sur le Plateau Mont-Royal, plein soleil, design chaleureux et dessus de lit de dentelle rose HA !, le point de départ idéal de nouvelles aventures...

jeudi 25 mars 2010

Installation à Montréal - 3




Impressions américaines que je pensais avoir laissées en Louisiane, en compagnie d'un grand pan de mon adolescence et d'une bonne part d'innocence perdue, mais qui ressurgissent ici comme si de rien n'était !

L'odeur sèche et givrée de la clim, le poids de la chaleur moite qui plombe les après-midi d'été, donnant aux touristes une nonchalance vaporeuse, les laissant se mouvoir sans grâce entre deux vagues de fièvre, l'odeur du goudron chaud arrosé d'averses nocturnes - pas rafraîchissantes, non, tout justes bonnes à rythmer les journées et à exciter les sens. Aussi, les larges trottoirs, les trucks géants, les limos de 20 mètres, les routes rectilignes transpercées de nuages, les robes de soirées scintillantes, les maisons biscornues en ossature bois avec une balancelle sous la terrasse où siroter des litres de limonade glacée, les bars tout grésillants d'enseignes vertes et rouges, sentant bon le vieux bois et la bière rance...

Un univers d'infinis sources de rêveries sans fin ...

Installation à Montréal - 2

Décalage horaire créant un fossé entre deux mondes. Six heures béantes à combler bien plus vastes et profondes que les Kms qui s'étendent en une longue hyperbole au dessus de l'Atlantique.

Deux courtes journées à errer hagard dans les rues dépeuplées aux premières heures du jour et à apprivoiser un périmètre aux cercles concentriques autour de l'appartement. A rayer sur notre liste les passages obligés : tourner à angle droit, les tours du quartier d'affaires, le port désert balayé d'un vent glacé venu du pôle, vieux reste d'un sursaut d'hiver - sommes les seuls à être emmitouflés, les montréalaises sont, elles, imperturbables dans leurs petites robes à bretelles - grimpette de deux heures sur la colline du Mont-Royal pour une vue mille fois ressassée, les ruelles tellement bucoliques du Plateau.



Deux jours à croiser nos premiers québécois, si gentils et courtois. Qui ne nous voient pas. Nous sommes transparents comme des fantômes.

Deux nuits de plomb, des rêves en nuances de gris, au plus profond de la conscience. Flash-back et passage en revue dans des éclairs de fièvre de toute une galerie de portraits. Des amis, la famille, des embrassades échangées, des repas sans fin, des verres trinqués qui laissent au réveil comme une réminiscence de tintement de cloche un matin de Pâques.

Six heures de décalage horaire comme un ultime sursis, un trou dans l'espace temps. Une vie en parallèle, continuation de ma vie d'avant profitant du moment de grâce pour adoucir les fissures d'un départ tellement attendu et pourtant trop rapide. Six heures à courir les demandes de pardon et les bénédictions.

Six heures pour que lentement les deux masses visqueuse et mouvantes de deux vies séparées se rencontrent, rebondissent sur leur surface glissante, se rencontrent à nouveau, se collent et s'agglutinent une bulle translucide et légère, portée par des vents ascendants vers un destin nomade et bondissant.


Alarme incendie. Réveil en vrac d'un sommeil profond. Sursaut. Images saccadées. Ce qui reste de réflexe pour empoigner un sac de survie - les papiers et l'argent - passer la barrière de fumée du troisième étage et se retrouver à moitié à poil parmi les locataires pas plus impressionnés que ça. Déphasage complet.

mardi 23 mars 2010

Installation à Montréal - 1


Le décollage a finalement eu lieu !

Moi qui n'y croyais plus, qui pensais que les terribles lois d'un destin contrarié auraient raison de mon triste sort, que je serais terrassé quelques jours avant le départ par une attaque cardiaque, que l'avion serait cloué au sol par une invasion de sauterelles, que la foudre s'abattrait trois fois, et au même endroit, sur moi !

Rien de tout ça ! Pas le moindre rhume à l'horizon, les animaux dans leur tanière et la grippe gentillement attendant l'hiver.

La chemise pour être beau à la douane trempée de sueur, les mains pleines de valoches, deux sacs rivés au corps, le cerveau en ébullition, bouillonnant comme une marmite des premiers jours, enserré par un feutre de poils de castor sans doute fraîchement dézingués dans mon pays d'adoption, je passe fièrement la frontière et entre dans le no man's land des zones de transit où l'homme est libre de ses rêves les plus fous. Un ange passe trainant dans son sillage un zéphyr aérien s'élevant langoureusement. L'avion dans sa foulée. Toute la masse d'un 747 lancée à pleine puissance vers des horizons nouveaux !

Arrivée à Montréal, taxi rasta rocket slalomant de toute la mollesse permise par sa boite automatique entre les gros trucks américains gavés d'essence, arrivée surréaliste et tant attendue par un périphérique surélevé laissant derrière nous des zones de friches industrielles, des terrains sableux et à jamais irrécupérables, des petits restaurants cradingues que l'on aimerait mal-famés et grésillant de néons verdâtres, vantant les mérites rafraichissants de Bud ou de Coors, comme dans les films, et laissant apparaître au loin, dans une brume orangée de début de soirée, les tours du down-town de Montréal.

Le taxi s'octroie un généreux pourboire, premier racket du genre, ce ne sera pas le dernier, et nous lâche rue Durocher au pied d'un immeuble brun dépareillé lézardé dégueulasse. Idéalement situé entre le centre des affaires et les prémices du plateau, entouré de résidences universitaires, avec une vue moitié sur un immeuble aussi pourri que le notre, mère de famille débordée la clope au bec et le cheveux gras, le gros du bide entre deux âges vivant en slip toute la journée - cette chaleur moite vous comprenez - se protégeant des regards et du soleil d'un drap crasseux tendu sur les fenêtres, moitié dégagé vers l'Est et les abords du port.



L'appart à l'avenant, fenêtre s'ouvrant au tiers laissant l'atmosphère suffocante, les lattes des stores cassées, un électroménager de poupée Barbie, un chewing-gum dans la baignoire.

Le paradis !

Retour vers le futur

Retour en arrière. Les premiers mois de l'installation à Montréal. Presque un an déjà, de la moiteur de juin, aux froids givrant nos têtes blondes dans le vent d'hiver, à la pluie fine et désolée d'un mois de mars qui s'étire et se meurt, hoquetant ses derniers soubresauts de neige et de crachin mêlés.

mercredi 17 février 2010

Petits polars au coin du feu

    Derniers bouquins en date (et en vrac)
  1. L'homme dans la vitrine et Le quatrième homme de Kjell Ola Dahl. Un peu figé et théâtral - pris dans une gangue de brouillard norvégien, glacé et pénétrant au plus profond des os. Un récit distancié, comme raconté par un observateur un peu éloigné de l'action. Des ambiances glauques, peu d'espoir, au final des polars très noirs et originaux ! Série en cours...
  2. Misterioso de Arne Dahl.Très structuré, très bien écrit. Un peu lisse à mon goût. Second degré involontaire ou non de ces situations et personnages tellement politiquement correctes. A chaque fois un étrange sentiment de plénitude face à à la constuction du récit et l'aboutissement de l'intrigue, mais aussi un vide causé par un manque de violence, de sang et de trahison assez malsains pour être honnêtes.
  3. Dernière conversation dans la nuit de David Malouf. Pour la quatrième ou cinquième fois. Et de toujours me perdre dans ce labyrinthe de phrases, et les méandres de l'introspection.